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Catherine Rotulo vient au monde en 1948, dans une famille aisée et cultivée d’origine italienne. Ses parents acquièrent à Saint-Martin l’année précédant sa naissance, une petite maison au sol de terre battue qui bien des années plus tard deviendra son refuge. Elle se souvient de cette époque bénie où la plage et la mer lui appartenaient sans personne à l’horizon « on débarquait début juillet dans la 203 familiale et on ne repartait que trois mois plus tard. Lorsque l’on arrivait on exposait les matelas au soleil et on aérait la maison. Puis on installait sur la plage de Gros-jonc la lourde cabine de bois qui devait bien peser 300kg. C’était le bonheur. » Le peintre Roger Chapelain Midy immortalisa d’ailleurs cette cabine quelques années plus tard. En ces temps de remise en ordre de sa vie, Catherine, qui n’avait pu se procurer ce tableau lors d’une vente aimerait, en connaître l’acquéreur, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux et de la mémoire. Cette femme hypersensible, amoureuse de belles choses et de belles personnes est obnubilée dès l’enfance par la nécessité, vitale pour elle, de fixer l’instant. Elle fait des études supérieures d’anglais et de droit car son père estime que c’est plus sérieux que la photographie. Elle ne renonce pas pour autant à sa passion et se forge seule aux techniques, très sophistiquées à l’époque, de cet art. De tout temps, elle a été hantée, elle l’est encore, par le désir de garder un moment qui ne se représentera plus jamais, c’est sa manière à elle de contrer la fuite du temps qui passe.
Une vie de star
C’est une jeune femme privilégiée. Elle a le charme des êtres profonds, a fait de bonnes études, possède la sensibilité d’une artiste tout en étant dynamique et très culottée. Son culot est celui des timides, donc disproportionné mais il n’en reste pas moins qu’elle a tout pour plaire et certaines rencontres telles celles de Marie-Laure Prouvost et Françoise Hardy seront déterminantes pour son avenir. Elle deviendra le photographe officiel de l’artiste et il naîtra de cette période un superbe livre. La carrière de Catherine s’est déroulée dans des groupes de presse majeurs : Paris Match, le Nouvel Observateur, Sciences et Avenir, Marie-Claire, Valeurs Actuelles et Stratégies. Elle ne se contente pas d’y faire de la photo. Elle sera directeur de la publicité, se spécialise dans le lancement de nombreux magazines et médias audiovisuels et réalise également des opérations de relations extérieures de prestige. Tout en continuant à faire des reportages bluffant à Harlem, Dakar ou Singapour au cours desquels elle prend tous les risques pour la vérité et la beauté d’un cliché. Catherine est alors une véritable star dans son secteur car en plus de son personnage flamboyant au verbe haut, elle apportait beaucoup de chiffre d’affaires. En cela, elle tient de son grand-père Élie Rotulo, directeur du Crédit Lyonnais, homme d’affaires averti et néanmoins photographe amateur d’art qui a laissé une œuvre importante. Grande voyageuse Catherine fera une trentaine de voyages importants dont certains en compagnie de sa mère avec qui elle découvre le continent indien.
Elle fait cavalier seul
En 1991, elle estime qu’elle a fait gagner beaucoup d’argent aux autres et qu’il est temps qu’elle s’occupe d’elle. Elle crée l’Agence Catherine Rotulo qui prodigue du conseil en communication, se charge des relations extérieures de sa clientèle pour qui elle achète également des espaces dans les médias et réalise des études de marché. C’est aussi une agence photographique d’illustration pour l’édition et le conseil en iconographie publicitaire. Comme toujours elle est sur tous les fronts côtoyant des éditeurs, des journalistes des galeries et des créateurs dans le domaine de la photographie, donnant libre cours à son exigence esthétique dans les travaux qu’elle effectue pour ses clients.
La terrible maladie
En 2004, à 56 ans, elle subit l’ablation d’un sein en raison d’un cancer. Puis, elle fera une rechute et en 2010 doit être opérée une seconde fois. On lui enlève alors une partie du foie. Elle souffrira énormément et souffre encore, car rien n’est terminé. Elle lutte pour la vie avec une force intérieure exceptionnelle, à l’image de son personnage. Elle a décidé, dès le début, de parler autour d‘elle de cette maladie qui fait peur et sur laquelle règne un véritable tabou. Elle en parle, peut-être pour montrer qu’elle existe encore, mais surtout pour dire aux autres malades qu’ils ne sont pas seuls, pour leur communiquer son expérience et leur intimer de ne jamais désespérer. Elle-même n’abandonne pas, elle constitue en 2006, dans le cadre de son agence, un studio de création intégré avec une forte orientation vers les arts graphiques et crée une galerie d’art, en 2007, où elle expose, jusqu’en juin 2011, ses propres œuvres photographiques sous la forme de tirages numérotés. Par ailleurs, elle prépare une exposition rétrospective à Chaville et continue d’alimenter le site cher à son cœur « île de Ré - île dorée ». Même si la douleur est terrible, même si elle est au plus bas physiquement et psychologiquement, elle trouvait le moyen, au printemps dernier, de constater « je n’ai jamais autant remarqué les fleurs de mon jardin éclore ». |